L'origine du "Soi".

Le nombril est la part la moins intime du corps intime, celle que l'on montre sur les plages, voire en ville, pourtant, c'est celle qui renvoie au plus profond de nos origines. Pas « L'origine du monde » mais bien l'origine du soi, de son identité dès qu elle s'autonomise du cordon qui la relie à celle qui a crée l 'être.

Réminiscence et omnipresence du lien maternel, tous ces nombrils si différents les uns des autres, certains esthétiques, d autres moins, certains décorés... Le nombril de Bouddah ne montre t'il pas sur ses représentations épanouies ce qui est intime et montrable ?

Dépouillés, par un cadrage serré et carré, de toute autre forme, indice corporel, du propriétaire du nombril, réduit donc à sa plus essentielle expression, ce nombril ne permet pas au regardeur de se faire une idée plus précise l'individu auquel il appartient... Juste, savoir s'il s agit d'un homme ou d'une femme, peut être son âge approximatif, sa couleur de peau.

La démarche du collectionneur n'est pas anodine. Elle nécessite une grande distanciation, pour être capable d'exposer chez soi le nombril d'un autre, d'avoir à le regarder quotidiennement, à le montrer à ses visiteurs. Mais cela va plus loin, car en réalité, ici, c'est l'œuvre qui regarde l'homme.

Ce nombril est un œil, Cyclope, attentif, qui nous nargue, semblant sourire de nos vicissitudes et de notre ego.